Circulaire n° 87-268 du 4 septembre 1987
(BO n° 31 du 10 septembre 1987)
Éducation nationale : bureau DE 14 ; Culture et communication : délégation aux Enseignements et aux formations
Texte adressé aux commissaires de la République de région, directions régionales des affaires culturelles et aux recteurs.
Développement des classes d'initiation artistique dans le premier degré
Le développement des enseignements artistiques constitue une priorité de l'action gouvernementale.
Au nombre des actions conjointes que le ministère de la culture et de la communication et le ministère de l'éducation nationale ont décidé dans ce cadre, figurent les classes culturelles, classes transplantées en milieu artistique ou patrimonial qui comprennent :
1. Les classes du patrimoine qui permettent aux jeunes de découvrir les richesses d'un site, son environnement, les témoins historiques et artistiques qui le marquent, la vie qui l'anime aujourd'hui. Elles feront prochainement l'objet d'une circulaire spécifique destinée à préciser les conditions de leur mise en œuvre et les modalités de leur financement ;
2. Les classes d'initiation artistique qui sont centrées sur le travail des enfants avec des artistes et sur leur rencontre avec la création contemporaine. Elles font l'objet de la présente circulaire.
Créées à titre expérimental à partir de l'année scolaire 1994-1985 sous forme de classes " arc-en-ciel " consacrées essentiellement à des activités plastiques, le nombre des classes d'initiation artistique est resté jusqu'à présent limité.
Les résultats positifs du bilan effectué en 1986 ont conduit les ministères concernés à envisager dès 1987 un accroissement significatif et une diversification de ces classes. La perspective d'une telle extension implique que soient précisés les principes généraux devant présider à leur organisation et à leur déroulement.
I – DÉFINITION DE LA CLASSE D'INITIATION ARTISTIQUE
Une classe d'initiation artistique s'apparente dans son esprit et dans son organisation matérielle (sécurité, hébergement, nourriture) aux classes de découverte définies dans la note de service n° 82-399 du 17 septembre 1982 [abrogée par la circulaire n° 99-136 du 21 septembre 1999] .
Organisée à tout moment de l'année scolaire - mais de préférence au milieu des premier et deuxième trimestres, de manière à ménager des temps de préparation et d'exploitation suffisants - elle consiste à faire participer pendant une semaine les élèves d'une classe, accompagnés de leur maître, à une activité de création artistique qui s'inscrit en rupture avec les rythmes et le lieu habituel de la classe.
Elle concerne une diversité de domaines artistiques (arts plastiques, musique, cinéma, théâtre, danse, photographie, etc.), mais l'activité de chaque classe est définie en référence à un projet éducatif qui associe le projet artistique que développe l'organisme culturel (musée, centre dramatique, centre de l'art contemporain, centre d'action culturelle, école d'art, association, etc.) et le projet de l'équipe pédagogique.
1.1 – Objectifs
L'organisation de classes d'initiation artistique répond à un double objectif :
Faire bénéficier les enfants de conditions exceptionnellement favorables à une imprégnation culturelle qui constitue un élément essentiel de leur développement. Le travail avec des professionnels du secteur culturel, l'appréhension de leurs démarches au sein de lieux qui sont aussi des carrefours de la vie culturelle devraient concourir à développer chez les enfants une approche sensible de la création, un goût et une motivation durables pour les activités artistiques ;
Être un des moteurs du développement des enseignements et pratiques artistiques à l'école ; une classe d'initiation artistique doit en effet être conçue comme le temps fort, l'élément dynamique d'une action qui se déroule tout au long de l'année scolaire et donne à ce type de " classe-événement " sa pleine signification.
1.2 – Principes de mise en œuvre
La classe d'initiation artistique suppose :
La rupture et le dépaysement. Elle se déroule en effet :
Dans un lieu différent. Il est cependant à noter que les conditions d'élaboration d'un projet de classe d'initiation artistique conduisent à rechercher de préférence une relative proximité entre lieu d'accueil et la classe intéressée ;
Selon un rythme différent. À cet égard, il est recommandé de consacrer environ un quart de l'horaire à d'autres activités qui relèvent des enseignements obligatoires de l'école.
Le travail des enfants avec un créateur (ou une équipe de création). Le rôle majeur donné à la présence continue d'un artiste incite à ne pas multiplier les intervenants ponctuels. En tout état de cause, il est Important que le " professionnalisme " et la qualité du travail de ces intervenants soient indiscutables.
Une densité des stimulations de l'environnement. Le lieu de la classe doit être riche d'activités artistiques et de sollicitations de la curiosité sensible. Il incite, par sa nature et sa qualité, à la découverte de la vie culturelle.
Un retentissement sur le développement des activités artistiques tout au long de l'année scolaire.
II – CONCEPTION DU PROJET D'INITIATION ARTISTIQUE
[modifié par les circulaires n° 88-063 du 10 mars 1988 et 88-108 du 19 avril 1988]
2.1 – Choix du lieu d'accueil
La proposition du lieu d'accueil peut émaner des différents acteurs concernés : instituteurs, conseillers pédagogiques en arts plastiques ou en éducation musicale, responsables d'institutions culturelles, associations, collectivités territoriales, parents d'élèves.
L'organisme culturel d'accueil doit cependant être choisi parmi ceux dont le ministère de la culture et de la communication atteste la qualité artistique.
Il est donc recommandé de prendre l'avis de la direction régionale des affaires culturelles (D.R.A.C.) sur ce point avant même de procéder à l'élaboration du projet.
2.2 – Élaboration
Une fois l'accord réalisé sur le choix du lieu, l'organisme concerné est appelé à faire une proposition de programme culturel aux partenaires de l'éducation nationale.
Une rencontre préalable entre représentants de cet organisme et responsables de l'éducation nationale (inspecteur départemental, conseiller pédagogique spécialisé, instituteur) permet de confronter les objectifs pédagogiques et les ressources de l'organisme culturel.
L'élaboration définitive du projet nécessite la collaboration des divers partenaires, notamment en vue de la prise en compte des aspects pédagogiques et matériels du projet.
Il est en outre souhaitable, au cours de cette phase préparatoire, que le conseil d'école, les parents d'élèves de la classe et les autres instituteurs de l'école soient informés des contenus et modalités de l'opération.
Le dossier de présentation du projet, établi en commun par l'équipe enseignante et celle de l'organisme culturel, doit indiquer :
La (ou les) classe(s) concernée(s) par le projet, avec le nom des enseignants ;
Les coordonnées de l'organisme culturel ;
Le lieu d'hébergement ;
Le projet éducatif, dans sa double dimension pédagogique et culturelle, précisant notamment le nom, la qualité et le rôle des intervenants ;
Le budget prévisionnel détaillé faisant apparaître les divers concours financiers locaux envisagés : subventions des collectivités locales d'origine ou d'accueil ; apports complémentaires provenant des ressources propres de l'organisme d'accueil et de l'école concernée ; participation des familles aux frais de séjour.
Après avis du conseil d'école, le projet doit être transmis par l'inspecteur départemental à l'inspecteur d'académie, directeur des services départementaux de l'éducation, et par l'organisme culturel au directeur régional des affaires culturelles dans le ressort duquel il se trouve. Copie est adressée à la (aux) collectivité(s) territoriale(s) concernée(s).
L'inspecteur d'académie, directeur des services départementaux de l'éducation, et le directeur régional des affaires culturelles ou son représentant décident conjointement de l'attribution des subventions nécessaires à la réalisation du projet. Aucune classe d'initiation artistique ne peut être organisée sans l'accord de ces deux responsables.
Il est rappelé que ce type de classe est toujours financé - outre la contribution des collectivités territoriales pour le transport et l'hébergement des élèves - à parité par l'éducation nationale et par la culture, le concours total de l'État ne pouvant excéder 20 000 F. Les subventions des deux ministères sont accordées, pour l'éducation nationale, par l'inspecteur d'académie, directeur des services départementaux de l'éducation ; pour la culture, par le directeur régional des affaires culturelles, et versées de concert soit a une association (loi 1901), soit à une commune qui régleront sur factures, au moyen de ce crédit global, les dépenses de matériel et les prestations effectuées.
III – ACCEPTATION DES PROJETS
[modifié par la circulaire n° 88-108 du 19 avril 1988 ]
Les classes d'initiation artistique constituent pour les enfants qui en bénéficient un moment privilégié de leur scolarité. Elles intéressent plus particulièrement les élèves dont l'environnement habituel ne permet pas de contacts autres que très exceptionnels avec les activités artistiques, enfants de milieu rural ou semi-rural par exemple.
Compte tenu de l'intérêt de ces opérations dans l'éducation artistique des enfants et leur relation à la vie culturelle, les ministères de l'éducation nationale et de la culture et communication souhaitent encourager leur extension de manière significative.
ANNEXE
(À l'attention des responsables du ministère de l'éducation nationale)
PRÉPARATION ET EXPLOITATION PÉDAGOGIQUE DE LA CLASSE D'INITIATION ARTISTIQUE
I – LE PROJET PÉDAGOGIQUE
La préparation et le suivi de la classe d'initiation artistique, l'insertion de l'événement dans le cadre d'un projet pédagogique d'ensemble relèvent de la responsabilité de l'instituteur en relation avec l'inspecteur départemental et le cas échéant du conseiller pédagogique en arts plastiques ou du conseiller en éducation musicale. Ceux-ci pourront, si nécessaire, solliciter les responsables de l'organisme culturel afin qu'ils apportent un appui à leurs initiatives.
1 – Préparation de la classe
Le maître est responsable de l'élaboration du projet pédagogique, éventuellement assisté du conseiller pédagogique de l'enseignement artistique concerné.
Une rencontre entre le maître de la classe et un représentant du lieu d'accueil est indispensable en vue de l'élaboration du projet éducatif associant le projet artistique de l'organisme culturel et le projet propre à l'équipe pédagogique.
Dans cet esprit, une visite du lieu d'accueil peut être organisée à l'intention des responsables concernés de l'éducation nationale (inspecteur départemental, conseiller pédagogique, instituteur…) dans le but de favoriser l'accueil des enfants tant sur le plan éducatif que matériel.
La réussite d'une classe d'initiation artistique dépendra largement de la façon dont les enfants seront associés à la préparation du projet qui doit être cohérent avec les objectifs éducatifs de l'année scolaire.
En particulier, les semaines qui précèdent le déroulement de la classe doivent être tenues pour un temps de motivation des élèves ; elles donnent lieu à une première approche des réalisations qui y seront effectuées. Un scénario de la semaine peut être mis au point avec les enfants.
Toutefois, dans certains cas, les intervenants peuvent souhaiter que la phase préparatoire ne dévoile pas le projet, afin de ménager pour les enfants le choc de la découverte.
En tout état de cause, selon le thème de travail retenu, ce temps de préparation peut être l'occasion de la mise en place d'une exploitation à caractère pluridisciplinaire.
Il est rappelé que des locaux doivent être prévus pour permettre à l'instituteur de poursuivre, pendant la semaine, l'enseignement des autres matières (cf. ci-dessous).
2 – Déroulement de la classe
Les conditions de déroulement d'une classe d'initiation artistique - hébergement à l'extérieur de la famille, vie de groupe, investissement complet du maître, disponibilité des enfants - permettent la mise en œuvre d'un projet pédagogique large utilisant au mieux les ressources du lieu d'accueil.
Il est recommandé que le maître participe, dans toute la mesure du possible, au déroulement des activités proposées et que, par conséquent, des temps de concertation soient prévus entre le maître et l'équipe du lieu d'accueil.
L'enseignement des autres matières, poursuivi pendant la semaine avec un horaire réduit (20 à 25 % du temps de travail des enfants), peut lui-même s'attacher à prolonger, sur un autre mode, les activités proposées aux enfants.
L'emploi du temps de la semaine doit prévoir des moments de détente et de repos, afin d'éviter une saturation des enfants qui mettrait en cause leur adhésion au projet.
3 – Prolongements de la classe
Les classes d'initiation artistique trouvent leur pleine signification à travers les prolongements qui doivent être envisagés au niveau de la classe, de l'école, de la circonscription.
Au niveau de la classe, la semaine contribue à créer une dynamique favorable à la poursuite d'une véritable éducation artistique : elle concourt d'une manière très positive à la réalisation des objectifs fixés par les textes en la matière. Elle peut donner lieu, dans certains cas, à une exposition, à la création ou au développement d'un musée-classe ou d'un musée-école.
Au niveau de l'école, il est tout à fait souhaitable que l'instituteur de la classe puisse faire bénéficier ses collègues des apports de la semaine que lui-même et ses élèves ont vécue. À cette fin, des temps d'information seront prévus lors de réunions du conseil des maîtres, Les informations fournies, les échanges ainsi provoqués peuvent être à l'origine de l'élaboration d'un projet d'école.
Au niveau de la commune et de la circonscription, la réalisation d'une classe d'initiation artistique peut constituer un apport dans la mesure où elle permet :
De sensibiliser d'autres classes, d'autres écoles, d'autres municipalités par l'organisation d'expositions, d'échanges entre des maîtres, de rencontres entre des maîtres et des enseignants du secondaire dans le cadre de la liaison CM2-sixième ;
De réunir des témoignages, des documents de toute nature susceptibles d'être utilisés dans les bibliothèques pédagogiques de circonscription ou au cours des stages de formation continue des maîtres et des journées pédagogiques animés par des professeurs d'École normale, les conseillers pédagogiques spécialisés et les équipes de circonscription.
II – RESPONSABILITÉ ET CONTRÔLE
Les règles générales de responsabilité du maître et des élèves sont indiquées dans la note de service n° 82-399 du 17 septembre 1982 (IV, 4.1 et IV, 4.3) [abrogée par la circulaire n° 99-136 du 21 septembre 1999] .
Dans le respect de la compétence propre des partenaires culturels, le contrôle du bon fonctionnement matériel et de l'exécution du projet pédagogique des classes d'initiation artistique est placé sous l'autorité de l'inspecteur d'académie, directeur des services départementaux de l'éducation du département du lieu d'accueil et peut être confié à l'inspecteur départemental de l'éducation nationale de ce département spécialement désigné par l'inspecteur d'académie. Cette tâche est éventuellement facilitée par l'intervention d'inspecteurs du département d'origine, en particulier l'inspecteur départemental de l'éducation nationale de la circonscription où se situe la classe concernée, à la suite d'un accord entre les deux inspecteurs d'académie intéressés.
Par ailleurs, les enfants demeurant cinq jours complets hors de leur domicile, il est recommandé de demander aux parents avant le départ une autorisation écrite permettant, en cas d'urgence, de leur apporter les soins que pourraient nécessiter leur état de santé (hospitalisation, intervention chirurgicale, transfusion sanguine par exemple).
À l'issue de la classe, un bilan pédagogique et financier sera adressé par les responsables de la classe à l'inspecteur d'académie, directeur des services départementaux de l'éducation, qui le transmettra au ministère de l'éducation nationale, sous le présent timbre indiqué ci-dessus et en adressera copie au département du lieu d'accueil. Il convient que les inspecteurs d'académie attachent une importance particulière à cette évaluation qui ne saurait être considérée comme une simple formalité administrative Elle doit être en effet suffisamment précise pour permettre d'apprécier les acquis rendus possibles par la classe d'initiation artistique et la convergence du projet de celle-ci avec les objectifs généraux des enseignements artistiques.
